Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 juin 2012 2 19 /06 /juin /2012 10:45

Par la Rédaction - Le 15/06/2012

« Pelléas et Mélisande » récompensé

 

 

Le Syndicat de la Critique Théâtre, Musique et Danse a remis jeudi 14 juin son Prix de la Meilleure diffusion musicale audiovisuelle à l’opéra de Claude Debussy, Pelléas et Mélisande (d’après la pièce de théâtre de Maurice Maeterlinck). Ce drame lyrique en douze tableaux, interprété l’hiver dernier à l’Opéra de Paris et dirigé par Philippe Jordan, a été diffusé sur le site de l’opéra et sur le site de concerts en live medici.tv.

 

Partager cet article
Repost0
13 mars 2012 2 13 /03 /mars /2012 06:51

Par Christian Merlin  

Les chanteurs ont intégré le langage de gestes et de lumières de Wilson à un point jamais atteint par les distributions précédentes.
Les chanteurs ont intégré le langage de gestes et de lumières de Wilson à un point jamais atteint par les distributions précédentes. Crédits photo : Charles Duprat/Opéra national de Paris

Debussy revu par Bob Wilson et Philippe Jordan: une réussite remarquable.

Quelle merveille que ce Pelléas et Mélisande! Coproduite en 1997 par Gerard Mortier au Festival de Salzbourg et Hugues Gall à l'Opéra de Paris, la mise en scène de Bob Wilson n'a pas quitté l'affiche depuis, passant en 2004 de Garnier à Bastille. On peut être parfois agacé par le systématisme des spectacles de Wilson, chorégraphies plastiques qui peuvent sembler abstraites et répétitives.

Mais s'il rencontre l'œuvre appropriée, on assiste à une véritable œuvre d'art. Et l'on ne nous ôtera pas de l'idée que la poésie symboliste de Wilson a rencontré dans la production de Debussy et Maeterlinck une âme sœur. Si cette cinquième reprise paraît aussi aboutie, c'est parce que les chanteurs ont intégré le langage de gestes et de lumières de Wilson à un point jamais atteint par les distributions précédentes.

L'excellence de la distribution

C'est aussi parce que la lenteur contemplative de la mise en scène a trouvé son prolongement idéal dans la direction hypnotique de Philippe Jordan, qui ose des tempi étirés jusqu'à l'extrême: le risque de dédramatisation est là, mais ce que l'on perd en violence et en lyrisme, on le gagne en sensualité morbide et en mystère des sonorités. Jordan «debussysait» Wagner, il «wagnérise» Debussy: rien que de très logique, dans deux univers que tout semble éloigner mais qui sont plus voisins que jamais. Sa complicité avec le superbe Orchestre de l'Opéra, déjà patente quinze jours avant à Pleyel dans la Symphonie n°1 de Mahler brillante et élégante mais manquant de chair et de sang, tourne ici à l'évidence.

Les sortilèges de la fosse ne doivent pas faire oublier l'excellence de la distribution, la plus homogène entendue dans cette production. Ancienne de l'Atelier lyrique, la Russe Elena Tsallagova est une Mélisande proche de l'idéal, virginale et lumineuse, dans un français très soigné. Stéphane Degout est un Pelléas parfait, viril et résigné, sans une once d'affectation. Vincent Le Texier trouve en Golaud l'un de ses meilleurs rôles, un concentré d'amertume. Magnifique Arkel de Franz-Josef Selig. On s'incline face à tant de beauté.

• Jusqu'au 16 mars. Opéra Bastille: 0 892 89 90 90. Diffusion sur medici.tv  le 16 mars à 19 h 30 et en streaming jusqu'au 19 juin.

Partager cet article
Repost0
27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 07:55

Pelléas et Mélisande à la salle Claude-Champagne

 

 

Pièce de théâtre symboliste de Maurice Maeterlinck, lui-même auteur du livret, Pelléas et Mélisande est un opéra en 5 actes (19 tableaux) de Claude Debussy. La classe d’art lyrique de l’Université de Montréal la présente début mars avec l'Orchestre de l'Université de Montréal (OUM), dirigé par Jean-François Rivest et rien de moins que Joseph Rouleau dans la distribution.

Sujets :
Montréal , Pelléas , Avenue Vincent-d'Indy

«Je les considère comme de jeunes professionnels, insiste la basse Joseph Rouleau. Ils vivent ici une expérience artistique et professionnelle extrêmement riche et intéressante. C'est beau de les voir s'impliquer et apprendre à chanter chaque rôle. L’une de mes premières interprétations a eu lieu ici à Montréal en 1955 avec l'OSM, dirigé par Pierre Monteux», se souvient ce géant de l’art lyrique.

«Joseph Rouleau a une générosité incroyable, confirme Jean-François Rivest, directeur artistique et fondateur de l’OUM. Pour les jeunes, c'est l'apprentissage de leur métier auprès d'un grand professionnel. Pour ces jeunes artistes de 20 à 25 ans en tout début de carrière, il est intéressant de voir comment cette grande basse dégage, comment sa présence remplit la scène, même quand il exprime une émotion forte, mais très intériorisée.»

«Dans cette œuvre, il y a toute une beauté et toute une poésie qu'il faut découvrir. Je suis un "debussiste" convaincu, car cette partition est d'une beauté effarante qui exprime toute la subtilité des émotions humaines», affirme Joseph Rouleau, qui s’offre un petit cadeau d’anniversaire avec cette production. «J'aurai 83 ans le 28 février!»

«Certaines mesures de Debussy valent tout un acte de Verdi, reprend Jean-François Rivest. Cette œuvre est un mystère dont on ne peut couper une seule parole, car elle respecte exactement la prosodie française et la subtilité de l'orchestration lui colle mot à mot.»

«Joseph Rouleau a une générosité incroyable! Pour ces jeunes artistes de 20 à 25 ans en tout début de carrière, il est intéressant de voir comment cette grande basse dégage, comment sa présence remplit la scène, même quand il exprime une émotion forte, mais très intériorisée.» - Jean-François Rivest, directeur artistique et fondateur de l’Orchestre de l'Université de Montréal

Considéré par le compositeur comme un «drame lyrique», l'opéra, comme la pièce, est une transposition du mythe de Tristan et Yseult: deux jeunes gens irrésistiblement amoureux, un amour interdit par un mari âgé jaloux et violent, qui ne peut s'accomplir que dans la mort.

Pelléas et Mélisande: jeudi 1er mars et samedi 3 mars, 19h30, salle Claude-Champagne (220, avenue Vincent-d'Indy). Info: 514 343-6427. Billetterie: 514 790-1245.

http://www.expressoutremont.com

Partager cet article
Repost0
27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 07:39

 

Cent ans après: traduction, réception, adaptation
Honderd jaar later: vertaling, ontvangst, bewerking


journée d'études bilingue | tweetalige studiedag

2 mars 2012 | 2 maart 2012

En 1911, l'écrivain flamand de langue française Maurice Maeterlinck (1862-1949) remporte le prix Nobel de littérature.
Le jury du prix Nobel ne fait que confirmer la renommée littéraire de l'auteur gantois: depuis 1890, Maeterlinck avait remporté le succès, à Paris d'abord, mais aussi dans l'Europe entière. La plupart de ses grandes oeuvres poétiques,
théâtrales et essayistiques étaient publiées et, pour une large part, traduites.
Cent ans après, il convient d'interroger la fortune immédiate de l’écrivain, mais aussi son héritage plus lointain, en
Europe aussi bien qu'en France. C'est pourquoi l'axe de recherche Littérature et/ou traduction du Département de
Traducteurs et Interprètes de l'Artesis University College a pris l’initiative d’aborder Maeterlinck dans une perspective
qui se veut comparatiste, interculturelle et traductologique. Il s'agit d'analyser l'importance de l’écrivain francophone
belge comme médiateur interculturel et d'interroger la portée d'une oeuvre envisagée comme passerelle entre
différents domaines linguistiques et artistiques. Sont ainsi mises à l'honneur les traductions, les réceptions et les
adaptations de l'oeuvre de Maeterlinck, qui permettront notamment d'interroger l'attention que lui porte la vie
culturelle néerlandophone actuelle.

In 1911 wint de Vlaamse Franstalige schrijver Maurice Maeterlinck (1862-1949) de Nobelprijs voor de Literatuur. Het Nobelcomité bekrachtigt daarmee het literaire aanzien dat de Gentse auteur al sinds 1890 geniet, aanvankelijk in Parijs, maar later ook in de rest van Europa. Het grootste deel van zijn belangrijkste oeuvre, dat bestaat uit poëzie, theaterstukken en essays, was toen al gepubliceerd en ook grotendeels vertaald.
Honderd jaar later gaan we niet alleen op zoek naar de nalatenschap van de schrijver in zijn directe omgeving, maar ook naar diens recentere erfenis in Frankrijk en de rest van Europa. Om die reden heeft de onderzoekslijn Literatuur en/of vertaling van het departement Vertalers en tolken van de Artesis Hogeschool Antwerpen het initiatief genomen voor een studiedag rondom Maeterlinck vanuit een comparatief, intercultureel en vertaalwetenschappelijk perspectief. In dit kader analyseren we het belang van de Franstalige Belgische schrijver als intercultureel bemiddelaar en onderzoeken we de reikwijdte van Maeterlincks  oeuvre, dat beschouwd wordt als een brug tussen uiteenlopende taalgebieden en artistieke domeinen. De aandacht gaat  daarbij uit naar de vertaling, ontvangst en bewerking van Maeterlincks werk, waarmee tegelijkertijd wordt beoogd de belangstelling voor Maeterlinck in het huidige Nederlandstalige culturele klimaat te verklaren.

programme | programma

09:15 accueil et inscription | onthaal en inschrijving
09:45 paroles de bienvenue | welkomstwoord
10:00 prof. dr. E. Leijnse (Namur) -- De curve van Gauss? Maeterlinck als (vertaald) succesauteur
10:40 prof. em. dr. C. Berg (Antwerpen) -- Les voix de l'effroi: Maeterlinck et le symbolisme
11:15 prof. em. dr. C. Angelet (Leuven / Gent) -- La poétique de l'espace clos chez Maeterlinck et quelques contemporains
11:50 discussion | debat


14:00 prof. dr. R. Grutman (Ottawa) -- Retraduire Ruysbroeck
14:40 prof. dr. E. Metz (Amsterdam) -- 'De Shakespeare van de decadenten': Maeterlinck in de Russische canon
15:15 prof. dr. F. Peeters (Antwerpen)  -- Maeterlinck op de Vlaamse planken: a man for all stages
15:50 discussion | debat

17:00 Table ronde | rondetafel

Maeterlinck 100 jaar later: vertaling en bewerking in het Nederlands: theater, poëzie, jeugdliteratuur
met Stef Lernous — L'Intruse — Vlaamse Opera & Abattoir Fermé, 2011
Peter Missotten — De Indringer, Toneelhuis, 2011-2012
Stefaan van den Bremt — Bloemlezing uit de poëzie, Poëziecentrum, 2002
Do Van Ranst — De Blauwe vogel, de Eenhoorn, 2011

18:30 Verre de l'amitié | afscheidsdrink

inscriptions via http://www.maeterlinck-artesis.be

 

Responsable : Artesis University college | Universiteit Antwerpen

 

Url de référence :
http://www.maeterlinck-artesis.be

 

Adresse : Schildersstraat 41B - 2000 Antwerpen
Partager cet article
Repost0
27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 07:37

Robert Wilson adapte «Pelléas et Mélisande», opéra en cinq actes de Debussy sous la direction musicale de Philippe Jordan, à l'Opéra Bastille.

Bob Wilson, c'est comme une charentaise. Un petit coin fourré, tranquille, qui ne change guère, où l'on a ses habitudes. Pour qui goûte les charentaises, c'est parfait. Que vous ayez vu sa Flûte, sa Butterfly, son Ring, c'est toujours le même (impeccable) système: des pharaons de profil qui se culbutent sur fond de cyclo bleu. Son Pelléas est de la même eau (et Maeterlinck n'y retrouve pas ses petits…). Bref! Rien de nouveau sous le soleil. Ce serait toutefois dommage de passer son chemin, car cette reprise réserve de solides plats de résistance: tout d'abord le Pelléas de Stéphane Degout, fer de lance des jeunes barytons français. Enfin, on trépigne surtout d'entendre le maestro Philippe Jordan enflammer la partition de Debussy. Avec lui, les pharaons wilsoniens vont se décoincer, se déboîter, se désosser, et monter vers les étoiles. Chic!

Opéra Bastille, place de la Bastille (XIIe). Dates: du 28 février au 16 mars 2012. Places: de 5 à 140 €. Loc.: 08 92 89 90 90.

Partager cet article
Repost0
27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 07:24

Les aveugles, du 22 février au 11 mars au Musée d'art contemporain, salle Beverley Webster Rolph.

Après avoir représenté L'Oulipo Show l'automne dernier pour ses 30 ans d'existence, UBU souligne les 10 ans de la création de la pièce Les aveugles, projection théâtrale adaptée de l'oeuvre de Maurice Maeterlinck, où Paul Savoie et Céline Bonnier interprètent chacun six personnages dans une boîte noire.

Denis Marleau ne s'en cache pas, il prend un malin plaisir à monter des pièces qu'on dit «injouables». C'était le cas de la pièce Agamemnon de Sénèque, qu'il a monté le printemps dernier à la Comédie-Française. Mais c'était aussi le cas il y a 10 ans, avec Les aveugles, de Maurice Maeterlinck, un auteur qui questionnait la présence physique de l'acteur dans une représentation théâtrale.

La pièce en un acte écrite en 1890 est pour le moins étrange. Une douzaine de personnages aveugles dialoguent entre eux, immobiles, dans une quelconque île, leur guide ne répondant plus à l'appel. Sont-ils morts ou non? On ne le sait pas vraiment. «L'histoire des Aveugles posait une question essentielle sur la manière de la mettre en scène, commence par dire Denis Marleau : comment faire jouer des aveugles ensemble dans une île, où ils ne voient rien, où c'est la nuit?»

«Au tournant des années 2000, je me suis dit : ce que je suis en train de développer avec l'image vidéo au service du personnage, je pourrais le pousser plus loin, de façon plus radicale, en sortant l'acteur du plateau, et en travaillant sur une représentation comme l'avait rêvée Maeterlinck, d'une présence humaine, mais à travers la médiation d'un masque, d'un jeu de reflets de lumière, sans la présence physique de l'acteur.»

«Maeterlinck trouvait que la personnalité des acteurs prenait énormément de place sur scène, explique Stéphanie Jasmin, qui a collaboré à la création des Aveugles. Il cherchait une autre façon de faire la médiation entre le texte théâtral et le spectateur, de manière à ce que l'on sente moins la personnalité de l'acteur, considérée comme une barrière. Malgré l'absence d'acteurs dans Les aveugles, on ressent leurs présence. C'est une expérience miroir, qui renvoie le spectateur à sa propre solitude.»

Cette idée d'éliminer tous les filtres possibles entre un texte et son lecteur ou son public, a trouvé un écho dans la recherche de Denis Marleau. «Ce qu'exprimait tout ce courant symboliste, c'était que la présence humaine pouvait être renforcée par la présence de l'inanimé, de la mort. C'est une recherche que je trouve passionnante et qui a traversé l'histoire du théâtre. L'homme s'est toujours demandé comment représenter les dieux, les esprits, les spectres, les doubles, et dès le théâtre grec, les masques sont apparus.»

Dans Les aveugles, Paul Savoie et Céline Bonnier interprètent donc ensemble une douzaine de personnages (six chacun) qui se donnent la réplique de façon simultanée, grâce à la magie de la vidéo. Seuls leurs visages apparaissent dans l'obscurité, doublés d'un masque moulé sur mesure. «Sur l'image inanimée du masque, on a projeté le visage des comédiens, explique Stéphanie Jasmin. Après, on a remis le visage dans sa forme. C'est un visage qui joue, qui parle, qui  vit.»

Cette «fantasmagorie technologique», est-ce bien du théâtre? «Moi, je crois que oui, répond Denis Marleau. Il y a un texte, une convocation et des spectateurs. Un début et une fin. En tout cas, les 700 représentations qu'on a données après notre passage au Musée d'art contemporain ont toutes eu lieu dans des théâtres. Le métissage des arts existe depuis toujours. Et puis, est-ce qu'on se demande si le théâtre de marionnette est du théâtre?»

 

Partager cet article
Repost0
24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 18:02
Maeterlinck on the Rock

 

 

 

Du Jeudi 01 Décembre 2011 au Dimanche 04 Décembre 2011
20h30 dimanche 16h30
La Ruche Théâtre
Belgique - Région wallonne - Charleroi (6000)
Avenue Meurée, 1

192749 A l' occasion du 100ème anniversaire du prix Nobel de littérature
de Maurice Maeterlinck nous avons le plaisir de vous faire savoir
que nous avons mis ses 15 chansons en musique et en scène.

Notre défi est de faire découvrir ou redécouvrir ce grand maître du symbolisme
à travers des musiques rock, reggae, blues!

Au plaisir de vous recevoir dans notre beau théâtre qu 'est "La Ruche Théâtre"

Partager cet article
Repost0
24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 18:00
medium
La Belgique : Le roman d'un pays de Patrick Roegiers

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

critiqué par VLEROY, le 6 novembre 2011 (Inscrit le 9 janvier 2006, 32 ans)

La note: 10 etoiles
Visites : 131 

Un aperçu des 175 ans de la Belgique

A l'occasion du 175ème anniversaire de l'indépendance de la Belgique en 2005, l'auteur Patrick Roegiers a écrit un livre de 150 pages richement illustré sur l'histoire de notre pays. Il s'adresse au grand public ; les passionnés d'histoire n'apprendront rien et seront déçus. Son récit est divisé en cinq parties : les débuts (la révolution de 1830, le choix d'un roi, la création du chemin de fer,...) ; le règne de Léopold II avec la colonisation du Congo et la transformation de Bruxelles ; le règne d'Albert Ier et la première guerre mondiale ; l'âge d'or de la Belgique (les grands travaux autoroutiers, l'Exposition Universelle de 1958, le rayonnement international grâce à Tintin, Brel, Simenon, Merckx, Magritte,...) ; la fédéralisation du pays et les incertitudes sur son avenir. Par rapport aux autres ouvrages de ce type, Patrick Roegiers prend le temps de s'attarder sur la vie culturelle de la Belgique et sur sa façon de vivre.

Laissons maintenant la parole à l'auteur...

Sur la Belgique : "Vaste comme un mouchoir de poche, longtemps champ de bataille de l'Europe et souvent menacée d'annexion, la Belgique, née en 1830, est une terre de légendes autant qu'un prospère royaume grâce à la colonisation du Congo. Elle est le berceau de peintres fameux (tels Bruegel, Van Eyck ou Rubens) et la terre d'asile d'étrangers illustres comme Hugo ou Baudelaire, alors que s'expatrient ses plus grands créateurs, de Maeterlinck à Verhaeren, Michaux, Simenon, Brel ou Alechinsky. Cette nation, animée par la folie des grandeurs autant que par la hantise de sa propre disparition, est minée dès son origine par le conflit grandissant de deux cultures contraires, et pourtant complémentaires, celle des Flamands et celles des Francophones. La Belgique, qui a frôlé plus d'une fois le chaos, est à présent un Etat fédéral".

Sur le Belge : "Jovial, bon enfant et bonne fourchette, le Belge a le goût des kermesses et agapes publiques. Il est fidèle à ses traditions mais jaloux de sa liberté. Souffre d'un complexe d'infériorité dû à l'exiguïté du territoire et au climat pluvieux. Mais il est ravi de son accent. Il le distingue du français qui reste une langue adoptive. Joyeux drille, égrillard, roublard et débrouillard, le Belge a la peau dure. C'est un dur à cuire qui a une brique dans le ventre (65% des Belges sont propriétaires de leur logement). Ses défauts sont le déni de l'Histoire, la mauvaise foi, l'absence de mémoire, plus ou moins volontaire, et le repli sur soi. La déglingue générale de ses institutions accroît son identité flottante. Le Belge est perçu à l'étranger comme hospitalier, honnête, franc, amusant et gai. Les bonnes blagues, la joie de vivre, la bonhomie, la maladresse caractérisent l'occupant de cette contrée que l'affaire Dutroux a changée en royaume de la pédophilie. Et fait oublier que de tous les peuples de l'Union Européenne les Belges sont parmi les plus riches. Frondeur et irrévérencieux, prompt à rire de soi, le Belge est un conformiste original et inclassable qu'incarnent Jean Claude Van Damme, belgicain type, Toots Thielemans, meilleur harmoniciste du monde, Noël Godin, entarteur gloupomane, et le décapant magazine de télévision Strip-Tease".

Sur notre gastronomie : "Grâce aux asperges à la flamande, au waterzooï, aux carbonnades, pistolets, péket, fricadelles, tête pressée, américain, pralines, spéculoos, craquelin, cassonade, anguilles au vert, choux de Bruxelles, chicons, jets de houblon, jambon fumé d'Ardenne, fromage de Herve, sirop de Liège, croquettes ou tomates aux crevettes, couques de Dinant (gare aux dents!), la Belgique, pays de la boustifaille, est encensée pour ses mets aux noms enchanteurs, que sont les ramonaches, le kip-kap, le cuberdon, la babelutte, le stoemp et la tarte al'djote de Nivelles".

source: http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/28811

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 16:48

Maeterlinck, Rodenbach, Verhaeren au Brésil.

http://www.cairn.info/revue-de-litterature-comparee-2001-3-page-463.htm

 

Quelques pistes

AuteurAnne Quataert du même auteur

Université Libre de Bruxelles HIVT (Anvers)

La littérature brésilienne n’a jamais pu se libérer totalement de l’influence européenne. Or, celle-ci est presque exclusivement française et belge durant le symbolisme (1893-1922). En effet, l’histoire littéraire cite surtout Samain, Verlaine, Mallarmé, Rodenbach, Verhaeren, Maeterlinck, Baudelaire et Rimbaud comme ayant marqué profondément le symbolisme brésilien[1] [1] Andrade Muricy, Panorama do movimento simbolista brasileiro,...
suite
.

2 Toutefois, si la contribution de la Belgique semble importante dans ces échanges littéraires, elle n’a pourtant jamais été étudiée en dehors du contexte français[2] [2] « O movimento belga tem particular interesse para o estudo...
suite
ni de façon approfondie. De plus, ces trois auteurs belges sont souvent cités ensemble, comme s’ils apparaissaient sur la scène littéraire brésilienne au même moment, dans les mêmes circonstances et pour les mêmes raisons.

3 Que Maeterlinck, Rodenbach et Verhaeren aient joui d’une fortune certaine dès le début du XX e siècle est un fait établi. Le prouvent leurs vers cités en exergue ou les textes les concernant. Quelle fut la raison de leur succès au Brésil est la question à laquelle tente de répondre cet article[3] [3] Il ne s’agit que d’un début de réponse car il ne nous...
suite
.

4 En 1915, dans Paisagens belgas, Paulo Araújo associe Rodenbach et Bruges (« Por Bruges ao passar ao meu sonho aparece/De Rodenbach a imagem »), évoque la « prose pénétrante » de Maeterlinck et les « vers libres et musicaux » de Verhaeren.

5 Quelques années plus tard, Manuel Bandeira mentionne également les trois auteurs dans son poème Bélgica (1924) :

6

 …………………
Bélgica das beguines
Das humildes beguines de mãos postas, em prece,
Sob os toucados de linho simbólicos.
Bélgica de Malines.
Bélgica de Bruges-a-morta…
Bélgica dos carrilhões católicos.
Bélgica dos poetas iniciadores,
Bélgica de Maeterlinck
(La Mort de Tintagiles, Pelléas et Mélisande),
Bélgica de Verhaeren e dos campos alucinados de Flandres.
……………………

 

7 Ici, Rodenbach n’est présent que par son roman et est situé dans une Belgique religieuse, alors que Maeterlinck et Verhaeren font partie des « poètes initiateurs ». Pour le premier, c’est le dramaturge qui retient l’attention du poète brésilien tandis que pour le second, ce sont les campagnes hallucinées de Flandre.

8 Dans ce dialogue entre la Belgique et le Brésil, quelques Brésiliens ont joué un rôle prépondérant. Ainsi João Itiberê da Cunha (1870-1953) qui vécut à Bruxelles de 1880 à 1892[4] [4] Il y fait ses études secondaires et universitaires (Sciences...
suite
. Il y publie son unique recueil de vers, Préludes (1890), écrits en français, et collabore à la Jeune Belgique de 1891 à 1893. Sa participation se limite à peu de choses : quatre poèmes de lui, quelques traductions de vers de Eugênio de Castro et de António d’Oliveira Soares, deux symbolistes portugais[5] [5] La seule présence « brésilienne » dans la revue est...
suite
, dont il commente l’œuvre. De retour au Brésil, il se consacre au journalisme et sans doute a-t-il évoqué dans ses articles la Belgique et les collaborateurs de la Jeune Belgique. L’histoire littéraire dit que c’est lui qui introduisit le symbolisme au Paraná, sa région natale.

9 Un autre Brésilien, Nestor Vítor, joua également un rôle prépondérant dans ce dialogue entre le Brésil et la Belgique : il traduisit en effet La Sagesse et la destinée et fit précéder son texte d’une longue introduction sur Maeterlinck et son œuvre.

10 D’abord, une lettre de lui[6] [6] Pour la petite histoire : il a été décoré de l’Ordre...
suite
à Maeterlinck, datée de Rio le 11 juillet 1901[7] [7] En possession des Archives Maeterlinck de Gand. ...
suite
, prouve qu’il y a eu une correspondance (un dialogue ?) entre les deux hommes : il y dit avoir reçu de Maeterlinck l’autorisation, deux ans auparavant, de traduire La Sagesse et la destinée. Il annonce que la traduction est terminée et a été envoyée à l’éditeur Garnier de Paris. Le texte portugais paraît en 1902.

11 Dans cette même lettre, Nestor Vítor avoue aussi qu’il n’a encore trouvé personne pour traduire quelques poèmes de Cruz e Sousa, « un poète dont je vous avais parlé », traductions qui lui avaient été demandées par Maeterlinck[8] [8] Ces traductions n’ont jamais été faites. Il est regrettable...
suite
. Enfin, Vítor annonce à Maeterlinck que La Vie des abeilles vient d’« apparaître » (sic) à Rio, donc en juillet 1901. Ce livre paraît en Europe aussi en 1901. C’est dire la rapidité avec laquelle les œuvres arrivaient au Brésil.

12 Son introduction, qui a pour but de « conquérir la sympathie » des lecteurs pour Maeterlinck, est le premier texte sur le Belge à paraître au Brésil. Nestor Vítor s’y adresse sans arrêt à ses lecteurs et y intercale de temps en temps une réponse à une hypothétique question ou critique. Ainsi, après avoir situé l’auteur belge dans le contexte littéraire français de l’époque, il conclut : « Maeterlinck représente un cas complètement isolé dans la nouvelle littérature française – vous ne voulez pas l’accepter parce qu’il est flamand ? – d’accord : dans la littérature écrite en français ».

13 Dans la biographie qu’il donne de Maeterlinck, il décrit sa ville natale :

14

 Gand n’est pas à proprement parler une petite ville, mais n’est pas comparable à ce qu’on pourrait appeler une capitale. C’est une ville flamande, ce qui signifie équilibrée et travailleuse, d’un petit pays honnête et actif, souriant et croyant.

 

15 Ce caractère flamand est souvent associé à celui de mystique lorsqu’il s’agit de Maeterlinck – flamand et mystique.

16 Si, pour Nestor Vítor, « Maeterlinck est un écrivain mystique, ou un mystique qui est écrivain, mais il n’est pas ce qu’on a coutume d’appeler – tout court, sans adjectif – un écrivain », il ne s’explique pas sur ce caractère mystique. Sans doute est-il dû à la traduction qu’a faite Maeterlinck de Ruysbroeck, mystique qui semble beaucoup avoir impressionné les Brésiliens.

17 Bien que les vers de Serres chaudes soient fréquemment cités en exergue, la critique semble avoir attaché peu d’importance au poète.

18 Nestor Vítor qualifie le poète de « jeune herboriste des forêts de l’âme » et définit Serres chaudes comme « une poignée de vers amorphes, alanguis et délicieux » mais néanmoins difficiles à appréhender. Il évoque les « images vagues qui peuplent des horizons lointains, irréels » et prévient le lecteur, qui après la lecture se retrouve « dans une espèce de douce hypnose », qu’une « compréhension littérale est vaine ». S’il devine l’importance de l’inconscient dans le lyrisme de Maeterlinck, Vítor ne perçoit toutefois pas le rôle des images insolites, des métaphores alogiques et des analogies dans les poèmes de Serres Chaudes.

19 En ce qui concerne la production dramatique de Maeterlinck, ce sont surtout la nouveauté et l’originalité de ses drames qui sont soulignées. Et si les critiques admirent le raffinement, la magie et le désir d’exprimer l’innommable, ils mettent aussi l’accent sur la simplicité, « la puérilité voulue et recherchée ». Le génie de Maeterlinck consiste à « exprimer de grandes émotions et dévoiler les mystères de notre subconscient avec des mots simples ». Nestor Vítor compare même ses pièces aux mystères médiévaux et souligne, ici aussi, son esprit mystique.

20 Actuellement, on se souvient surtout au Brésil du dramaturge (en 1962 a été organisée à la Bibliothèque Nationale de Rio de Janeiro une exposition commémorative du centenaire de sa naissance et consacrée presque exclusivement à son théâtre) et ses œuvres continuent à être traduites : L’Intruse en 1967, L’Oiseau bleu en 1962 (rééditée en 1971), Pelléas et Mélisande en 1952 (rééditée en 1977)[9] [9] La Sagesse et la destinée a été traduite une seconde...
suite
.

21 Rodenbach semble, au Brésil aussi, indissociablement lié à Bruges. Contrairement à Maeterlinck, très peu de ses vers sont cités en exergue. Par contre, la ville de Bruges est fréquemment évoquée dans les textes et les poèmes des Brésiliens. Très souvent, l’image transmise est celle d’une ville grise et morte, comme dans ce tercet de Alma de Rodenbach (1922) de Rodrigo Otávio Filho :

22

 …………………
E, como reflectida através de vitrais,
Bruges acinzentada e morta me aparece,
Espalhando o silêncio à tona dos canais…
…………………

 

23 Pour les Brésiliens, il y a identification de Bruges-la-Morte et de la ville.

24 En 1913, Rodrigo Otávio Filho avait fait « un pèlerinage à la Ville Morte »[10] [10] Il évoque ce voyage dans son livre O fundo da gaveta (Rio...
suite
, accompagné de Ronald de Carvalho, Filipe d’Oliveira et Álvaro Moreyra. Tous ces poètes sont originaires du Rio Grande do Sul, ils font partie du groupe de la revue Fon-Fon et tous ont évoqué la ville belge. L’imprégnation fut si profonde que la critique en est arrivée à les surnommer « les poètes des canaux de Bruges ».

25 Renato Almeida, dans Lendo Rodenbach[11] [11] Renato Almeida, Em relevo, Rio de Janeiro, Apollo, 1917. ...
suite
, qualifie Bruges de symbole. La ville est associée aux émotions tristes, aux rêves endoloris, aux horizons gris. Et, bien sûr, aux quais, toujours calmes, aux toits dentelés des maisons blanches, aux eaux mortes des canaux, aux cygnes… Rodenbach a, toujours selon le critique, écrit une œuvre en total accord avec « la ville des brumes ». Et face à la critique qui vilipende cette manie de « vouloir transporter sous des cieux tropicaux les canaux de Bruges »[12] [12] Nestor Vítor, Cartas à gente nova dans Obra crítica,...
suite
, Almeida objecte : « on a dit de nous, qui avons appris à aimer Bruges à travers l’évocation de Rodenbach, beaucoup de mal… notre fétiche ne vaut pas la censure ».

26 Encore en 1953, pour Roger Bastide Bruges sert de point de comparaison :
[13] [13] Le Symbolisme brésilien, dans Mercure de France, 1-XI-1953,...
suite
, l’image stéréotypée de

27

 …Affonsus de Guimaraens, qui a vécu à Ouro Preto, espèce de Bruges brésilienne, Bruges de montagnes baroques au lieu de mers ou d’eaux stagnantes, mais aussi enveloppée de brumes, aussi mélodieuse de cloches d’églises, aussi ville morte, aussi catholique et liturgique que la Bruges de Belgique…

 

28 Et, bien que Bruges-la-morte ait encore été traduite en portugais en 1960[14] [14] Bruges, a morta, traduit par Juracy Daisy Marchese, São...
suite
, l’engouement pour Bruges (et pour Rodenbach)[15] [15] Le nom de Rodenbach ne figure plus dans la 3e...
suite
disparaît avec le symbolisme; le modernisme qui suivit allait préférer les villes tentaculaires aux villes mortes.

29 Surgi en 1922, le modernisme s’est fixé comme objectif de créer une littérature authentiquement brésilienne. Pour ce faire, il fallait prendre en compte la réalité brésilienne, mettre la littérature au diapason du monde moderne et cesser d’imiter servilement la littérature européenne. Si l’influence de la France perdure durant cette période, elle n’est plus quasi exclusive comme précédemment mais demeure néanmoins prépondérante. En outre, il ne s’agit plus d’imiter mais de s’approprier certains éléments en vue d’une recréation. À cette époque aussi, le Brésil s’industrialise, se modernise et s’urbanise.

30 C’est surtout après la mort de Verhaeren que paraissent des textes le concernant. L’ironie de sa mort, « cueilli par la “force tumultueuse” d’une locomotive en marche vers les villes tentaculaires qu’il a idéalisées »[16] [16] Antonio Torres, Verdades indiscretas, Rio de Janeiro, 1925. ...
suite
, relatée par tous, a impressionné au point de servir de comparaison lors de l’évocation d’autres morts accidentelles, telle celle du poète Filipe d’Oliveira en 1933 : « E, como Verhaeren, morreu sob uma das forças tumultuosas deste século nervoso e ágil de que ele foi um filho bem amado »[17] [17] Theodemiro Tostes, in In memoriam de Filipe d’Oliveira,...
suite
.

31 De Verhaeren, qualifié tour à tour de poète épique et de poète lyrique, de chantre du vertige de la vie, de grand symboliste et de grand mystique ou encore de poète majeur de la langue française du XIXe siècle (à côté de Baudelaire), les auteurs s’accordent pour dire que la littérature mondiale a perdu un génie. Ils soulignent ses images rutilantes, ses métaphores osées, son style audacieux et son éloquence.

32 Mais au-delà du panégyrique de Verhaeren, qualifié par tous de représentatif du « génie belge », se profile une image de la Belgique quelque peu déconcertante. Ainsi, la Flandre se caractérise par une mélancolie mystique et contemplative, par ses sites brumeux et ses paysages calmes. Les Flamands, eux, sont des gens simples, plus calmes que les Wallons, qui sont plus inconstants. Image de la Belgique encore, mais plus réaliste cette fois, dans les 84 vers que da Costa e Silva[18] [18] Antônio Francisco Da Costa e Silva, Verhaeren, dans Anthologia,...
suite
adresse à Verhaeren, appelé « Mestre » : « cette terre héroïque, martyrisée de façon barbare, assiégée, incendiée, rendue esclave ». La Belgique sous la guerre est évoquée aussi par Mário de Andrade, futur chef de file du modernisme de São Paulo, dans deux poèmes où il plaint les « heróicas Bélgicas diliceradas » et les « Lieges desfiguradas »[19] [19] Lovaina et Exaltação da paz dans Mário de Andrade, Há...
suite
.

33 Des œuvres de Verhaeren, citées par les auteurs[20] [20] Les rythmes souverains, Les blés mouvants, Les moines,...
suite
, se détache Les Villes tentaculaires par le nombre de citations. C’est sans conteste l’œuvre qui a le plus influencé les modernistes. Mário de Andrade, auteur du premier recueil de vers moderniste, Paulicéia desvairada, avoue avoir eu l’idée d’écrire ces vers sur la ville de São Paulo après lecture de l’œuvre belge :

34

 Tinha cadernos e cadernos de coisas parnasianas e algumas timidamente simbolistas, mas tudo acabara por me desagradar. Na minha leitura desarvorada, já conhecia até alguns futuristas de última hora, mas só então descobrira Verhaeren.
E fôra o deslumbramento. Levado em principal pelas « Villes tentaculaires », concebi imediatamente fazer um livro de poesias « modernas », em verso-livre, sobre a minha cidade.[21] [21] Mário de Andrade, O Movimento modernista, Rio de Janeiro,...
suite

35 Selon Rita Olivieri-Godet[22] [22] La Répercussion de l’œuvre de Verhaeren dans la littérature...
suite
, si Andrade et Verhaeren partagent le même sentiment de simultanéité face aux transformations apportées par l’industrialisation, si tous deux exaltent la vitesse, la technologie et le dynamisme du monde moderne, s’ils critiquent de la même façon les inégalités que le capitalisme met en place, il n’en demeure pas moins que l’image de la ville diffère chez les deux poètes. Pour Andrade, elle est celle « d’une métropole moderne, cosmopolite, dans laquelle l’activité industrielle ne joue pas un rôle prépondérant ». Chez Verhaeren, l’idée de la ville moderne se confond avec celle de la ville industrielle (1997, p. 66).

36 Eurico Alves, poète de l’État de Bahia, semble, lui aussi, s’être inspiré de la poésie de Verhaeren[23] [23] Voir Rita Olivieri-Godet, A Poesia de Eurico Alves. Imagens...
suite
pour ses Poemas metálicos, écrits entre 1926 et 1932.

37 Passées les premières années modernistes, si Les Villes tentaculaires ne servent plus de source d’inspiration, l’intérêt pour le poète belge ne diminue pas pour autant. En 1966 paraît l’essai critique[24] [24] Um Poeta da vida moderna, dans Sérgio Milliet, Quatro ensaios,...
suite
de Sérgio Milliet, écrit à l’occasion du centenaire de la naissance de Verhaeren. C’est de loin l’article le plus complet et le mieux documenté ayant paru au Brésil sur l’auteur belge. Il est vrai que Milliet avait entendu parler de Verhaeren à Genève, où il a séjourné et fréquenté le groupe du Carmel, qui entretenait des contacts avec Verhaeren, qu’il connaissait Stefan Zweig et qu’il était venu en Belgique où a été publié un de ses recueils de vers[25] [25] Sérgio Milliet, Œil-de-bœuf, Anvers, Lumière, 1923. ...
suite
.

38 Dans cet article de vingt pages, véritable incitation à la lecture de Verhaeren, Milliet passe en revue toute sa production, situe l’auteur dans son époque littéraire, signale les influences reçues, souligne l’évolution parcourue et illustre ses affirmations par de larges extraits traduits par lui.

39 Selon Milliet, les deux caractéristiques majeures de Verhaeren sont d’une part l’amour qu’il portait à l’humain et son engagement, d’autre part la conscience qu’il avait d’« appartenir à son pays et à sa race ». Cette caractéristique ne pouvait que plaire au moderniste Milliet.

40 Et, ici aussi et encore, le critique évoque la mort tragique de Verhaeren. Par contre, la description du tempérament flamand est moins fantaisiste : exubérant, passionné, tumultueux, tout d’une pièce. Les Flamands sont sains et forts, tenaces et extravertis dans la joie comme dans la peine.

41 Enfin, d’après Milliet, la raison du succès de Verhaeren est qu’il fut « un poète-homme entre beaucoup de poètes-littérateurs ». S’il fut pionnier en découvrant la beauté dans la nouveauté, il l’est encore par son message d’action et de vie intense. L’article se termine par une constatation : « Peu d’entre nous ont lu Verhaeren. Poète parmi les plus représentatifs de notre temps, il recommence à attirer l’attention des modernes ». Quoi qu’il en soit, la dernière traduction des Villes tentaculaires date de 1999[26]

Partager cet article
Repost0
5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 16:38

Les grandes héroïnes d'opéra illustrées par Christian Lacroix (Journal Lacroix)

http://www.la-croix.com/Culture-Loisirs/Culture/Musique/Heroines-d-opera-Melisande-fragile-enigme

 

 
Héroïnes d’opéra par Christian lacroix : Mélisande, fragile énigme
 
Fuyante et gracieuse, l’héroïne de Claude Debussy, d’après Maurice Maeterlinck, voile l’ouvrage de son troublant mystère. 
« Pour Golaud, Mélisande est duplice, perverse et sa chevelure, emblème de fém...
 

Christian Lacroix

« Pour Golaud, Mélisande est duplice, perverse et sa chevelure, emblème de féminité dangereuse, lui sert d’instrument de torture ».

Christian Lacroix

« Pour Golaud, Mélisande est duplice, perverse et sa chevelure, emblème de féminité dangereuse, lui sert d’instrument de torture ».

 

 « Mes longs cheveux descendent jusqu’au seuil de la tour / Mes cheveux vous attendent tout le long de la tour / Et tout le long du jour/ Et tout le long du jour. Saint Daniel et Saint Michel / Saint Michel et Saint Raphaël / Je suis née un dimanche/ Un dimanche à midi… » (Acte III, scène 1)  

« J’ai passé des journées à la poursuite de ce “rien” dont elle est faite », avoue Claude Debussy dans une lettre à son ami Ernest Chausson, en janvier 1894. Elle a de longs cheveux, est née un dimanche à midi. Sur Mélisande, ce sont les seuls éléments concrets que nous recueillerons à l’écoute du texte que le compositeur Claude Debussy a directement emprunté au poète symboliste Maurice Maeterlinck. 

Sa pièce en cinq actes, Pelléas et Mélisande,  avait été créée le 13 mai 1893 au théâtre des Bouffes Parisiens. Elle séduisit immédiatement le musicien qui y reconnut le poème idéal, « celui qui, disant les choses à demi, me permettra de greffer mon rêve au sien ». De 1895 à 1902 (l’opéra est créé le 30 avril à l’Opéra-Comique sous la direction d’André Messager), il travaille à restituer ce texte presque littéralement. 

 

 

Flou délibéré

« Tout développement musical que les mots n’appellent pas est une faute. » Il s’agit de se mesurer et de s’opposer à l’opulence musicale du drame wagnérien en suivant une intrigue banale qui s’apparente toutefois au thème mythique de Tristan et Iseult : deux jeunes gens tombent amoureux l’un de l’autre, suscitent la jalousie d’un mari et d’un frère plus âgé qui tuera l’un et hâtera la mort de l’autre. 

Mais l’histoire se situe dans un espace-temps indéterminé, à proximité de la mer et dans une ambiance médiévale. Elle laisse délibérément dans le flou les événements, les caractères et les motivations des personnages. « Des personnages dont l’histoire et la demeure ne seront d’aucun temps, d’aucun lieu. »

Mélisande est plus mystérieuse encore que les autres protagonistes, farouche face à Golaud, l’époux jaloux et violent, fuyante face à Pelléas, le jeune homme velléitaire, timide face à Arkel, l’aïeul aveugle et sentencieux. Elle ne s’exprime que par la négative ou l’esquive. « Je ne suis pas d’ici, je ne suis pas née là. » 

En effet, au premier tableau du premier acte, le prince Golaud l’a trouvée, seule, près d’une fontaine dans une forêt où lui-même s’est égaré. Visiblement traumatisée, elle lui dit seulement avoir perdu la couronne qu’un personnage mystérieux lui avait donnée. Elle le suit mais fuit tout contact physique.

 

Distance

« Je ne suis pas heureuse ici », avoue-t-elle après plusieurs mois passés dans la famille du vieux roi d’Allemonde, Arkel, marquée par le deuil. Golaud, son mari maintenant, a déjà perdu son père et une première épouse ; le second mari de sa mère Geneviève (alto), le père de Pelléas (ténor ou baryton), est mourant dans une pièce du château… 

Véritable attirance ou simple désœuvrement, les deux jeunes gens se rapprochent autour d’une fontaine au fond de laquelle la jeune femme laisse à nouveau tomber un bijou, la bague que lui a offerte Golaud (acte II, scène 1), puis dans une grotte creusée par la mer où se sont réfugiés des pauvres (acte II, scène 3), enfin au pied d’une tour du château où leur étreinte se fait par l’intercession des cheveux déployés (acte III, scène 1). 

Et, toujours, ils s’évitent : Pelléas annonçant en permanence son prochain départ et Mélisande refusant toute proximité : « Je préfère marcher seule. »

Les interventions de Mélisande, dont le rôle est confié à une voix elle-même indéterminée entre le soprano et le mezzo-soprano (la créatrice fut Mary Garden), sont toujours brèves et abondent en monosyllabes ; le plus souvent, un « non » énigmatique lance une réponse elliptique, simple revers de la question posée. 

 

Chevelure

À l’instant paroxystique, différé jusqu’à la dernière scène de l’acte IV, lorsque les jeunes gens s’avouent enfin leur amour, Mélisande, une fois encore, interviendra en second par un « je t’aime aussi » murmuré dans le silence absolu de l’orchestre. Pelléas lancé, lui, aux limites de sa tessiture (preuve de son exaltation), réagira d’ailleurs par ces mots : « Je ne t’ai presque pas entendue. » 

Musicalement ces courtes répliques de Mélisande sont comme des trouées de lumière dans l’harmonie instrumentale si fluide.

Elle est ainsi surtout perçue à travers le regard des autres. Pour Golaud, elle est duplice, perverse et sa chevelure, emblème de féminité dangereuse, lui sert d’instrument de torture. Hors de lui, il la saisit violemment par les cheveux et la jette à terre invoquant la malédiction du traître Absalon (acte IV, scène 2). 

Cette même chevelure fut pour Pelléas le substitut de l’acte charnel et le support d’un rêve érotique (acte III, scène 1). Arkel, enfin, voit Mélisande comme une enfant, véritable victime expiatoire des péchés du monde tels ces agneaux qui traversent un instant la scène en direction de l’abattoir sans doute (acte IV, scène 3), ou ces mendiants endormis dans la grotte (acte II, scène 3).

 

Barbe Bleue

La musique de Debussy crée ces analogies en dessinant des thèmes voisins (inversés) pour les pauvres, les pleurs des moutons et le motif de quatre notes qui accompagne Mélisande. À la fin de l’ouvrage, en silence toujours, elle rendra un dernier soupir que personne n’aura non plus entendu.

Quinze ans environ après Pelléas et Mélisande,  Maeterlinck fit reparaître son personnage, en rôle secondaire de sa pièce Ariane . Celle-ci, après avoir aidé Thésée à sortir du labyrinthe, est devenue la dernière femme de Barbe Bleue : celle qui décide de s’enfuir et de libérer ses compagnes d’infortune. 

Parmi les prisonnières de cet épouseur et tueur en série, Mélisande recouvre ainsi la liberté, sans doute pour rencontrer Golaud au bord de la fontaine. En 1907, un autre compositeur français, Paul Dukas, adapte également Maeterlinck et ressuscite Mélisande dans son opéra, Ariane et Barbe Bleue

Partager cet article
Repost0

Présentation

 Ce blog est dédié à l'oeuvre et à la vie de Maeterlinck, poète symboliste belge de la fin du XIXème siècle/ début XXème siècle. Vos commentaires aux articles et aux pages sont les bienvenus!

Recherche